Îlet La Mère, rencontre avec les saïmiris au large de Cayenne (Guyane)

Si j’ai choisi de vivre en Guyane, c’est essentiellement pour son environnement, constitué à plus de 95% d’une forêt équatoriale parmi les plus riches du Monde et abritant une faune surprenante et variée.
Dans cet article, nous partons explorer une île, non pas réputée pour sa forêt bien que celle-ci soit déjà pleine de surprises, mais pour ses occupants. L’îlet La Mère, se situant à 15 km au large de Cayenne, est le territoire d’une colonie de singes saïmiris aussi curieux que farceurs… Embarquement immédiat !

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Histoire et Légendes de l’îlet La Mère

Avant d’accoster sur l’îlet la Mère, on peut légitimement se demander où est passé le reste de la famille !
D’après la légende, un raz de marée aurait surpris la famille d’îlets en promenade, éparpillant la mère, le père, les deux filles et le fils ainsi que le serviteur au large de Cayenne. Depuis le littoral, on aperçoit effectivement l’îlet la Mère auprès des ses deux filles, les Mamelles, dans l’embouchure du fleuve Mahury. Plus à l’ouest, l’îlet le Père suivi du Malingre, qui s’éloignèrent en tentant de sauver le fils, dérivant malheureusement bien plus loin, au large de la commune de Macouria, et prenant le nom d’Enfant perdu.
L’îlet La Mère est, depuis 2001, la seule de la famille ouverte au public.

ilet la mere visiter guyane

En réalité, l’île a longtemps été occupée par les Amérindiens puis par les Jésuites avant que ceux-ci ne soient chassés de France par Louis XIV en 1765. Après avoir accueilli les lépreux, l’île est finalement destinée au bagne en 1852, devenant un véritable petit village pour une population carcérale estimée à 600 personnes.
En 1875, l’île est désertée suite à une épidémie de fièvre jaune.

Au 19ème siècle, les vocations de l’îlet sont variées et originales : exploitation agricole détenue par un ancien forçat entre 1923 et 1933, tentatives d’ostréiculture et de commerce de l’huître des palétuviers à partir de 1971, élevage de singes saïmiris par l’Institut Pasteur dans le cadre de recherches sur le paludisme… avant de devenir une destination touristique, grâce notamment aux nouveaux occupants, sauvages mais irrésistibles !

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Singe saïmiri, qui es-tu ?

Également appelés singe-écureuils, les saïmiris sont reconnaissables à leur petite taille et leur tête ronde composée d’un masque oculaire blanc et d’un museau noir. A première vue, il est difficile de différencier le mâle de la femelle, leur principale différence se situant au niveau de la partie de l’animal que l’on a généralement pas envie de voir de trop près : ses dents (canines plus longues et effilées chez le mâle) !

ilet la mere saïmiris mangue

Les singes saïmiris sont joueurs, curieux et d’une agilité étonnante, due à leur légèreté. Ils se déplacent généralement sur 4 pattes dans la canopée ou par bonds sur les branches inférieures. Pour améliorer l’accroche de leurs mains et pieds, ils ont une méthode bien à eux : ils urinent dessus ! Les plus petits n’hésitent pas à se suspendre par la queue pour attraper les fruits convoités, une faculté que les adultes perdent par la suite.
Autre particularité du saïmiri, il semble être l’être vivant qui a le plus gros cerveau proportionnellement à sa taille, ce qui ne le rend cependant pas plus intelligent que l’Homme… quoique, parfois… 😉 .

Socialement, le groupe se compose d’une cinquantaine d’individus, parfois plus. Ils se nourrissent de fruits, d’insectes et de nectar, sont polygames et vivent environ 15 ans à l’état sauvage.

ilet la mere saïmiris bebe

Les saïmiris de l’ilet La Mère y ont été introduits en 1981 par l’Institut Pasteur. Afin de se protéger d’une éventuelle épidémie, les chercheurs choisirent cette île pour y élever des singes dans le but de réaliser des expérimentations pour l’élaboration d’un traitement anti-paludique. Certains singes vivaient alors en cage, d’autres en liberté… jusqu’à ce que l’Institut Pasteur ne se retire en 2001, laissant l’île aux saïmiris !

ilet la mere saïmiris enfant

Une centaine de saïmiris se partagent aujourd’hui les douceurs de la forêt luxuriante de l’îlet, n’hésitant pas non plus à chaparder la nourriture des visiteurs. Nullement apeurés, opportunistes et rusés, ils saisissent n’importe quel aliment sorti du sac en quelques secondes !
Cela est certes amusant, mais je rappelle qu’il est interdit de nourrir les animaux de l’île afin de ne pas les habituer à la présence de l’Homme et leur laisser une chance de survivre en totale liberté. Si vous ne pouvez pas résister, comme ce fut le cas de mon fils (nul n’est parfait), optez pour une ou deux mangues tombées de l’arbre afin de leur proposer une alimentation à laquelle ils sont habitués et qu’ils pourront retrouver par eux-mêmes.

ilet la mere ne pas nourrir singes

Pour le moment, les saïmiris de l’îlet La Mère ne sont pas agressifs même s’ils se montrent un peu envahissants. Ils poussent parfois des cris stridents pour impressionner les autres prétendants au trésor fruité mais ne mordent pas. Pour le moment… car rien ne dit que leur comportement n’évoluera pas en notre présence. Ils restent avant tout des animaux sauvages.

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Temps forts du Tour de l’îlet La Mère

La découverte commence en réalité bien avant l’arrivée sur l’île car il n’est pas rare de croiser des dauphins, comme ce fut notre cas, lors de la traversée vers l’îlet La Mère. Les herbiers marins sont quand à eux convoités par des tortues vertes et des lamantins, plus difficiles à apercevoir. Le capitaine du bateau, emportant une dizaine de visiteurs à son bord, nous abandonne sur l’île après 30 minutes de navigation et quelques conseils de bienveillance et de prudence à l’égard de l’îlet, fragile et sauvage.

Un sentier permet de faire le tour de l’île ou de la traverser, au milieu d’une forêt secondaire dense et à la découverte de quelques vestiges parfois monumentaux du bagne (murs, soubassements, clocher, débarcadère…). Il faut compter 1h30 pour faire le tour de l’île, un peu moins pour le sentier de crête qui a l’avantage d’offrir, par beau temps, un joli point de vue sur la montagne et le marais de Kaw.
Je conseille d’effectuer le tour de l’île dans le sens des aiguilles d’une montre, afin de pouvoir profiter de la baignade sur la seule « plage » accessible par le sentier en fin de parcours.

ilet la mere guyane foret

Le sentier traverse rapidement une zone d’arbres fruitiers constituée entre autres d’immenses manguiers, de cocotiers, papayers, goyaviers et bananiers, qui font le bonheur des saïmiris. Il est possible de déguster une ou deux mangues sous la surveillance des singes (pour se venger du biscuit chapardé un peu plus tôt 😉 ) mais strictement interdit de quitter l’île avec quelque végétal que ce soit.

Après être passé près du clocher (tout ce qu’il reste de l’église), on entre dans l’univers de la forêt, une forêt secondaire qui abrite néanmoins quelques beaux spécimens de fromagers ayant survécu à l’exploitation humaine grâce à leur statut. Le fromager ou kapokier, pouvant atteindre 50 mètres de haut, est en effet sacré dans la culture amérindienne et respecté par les créoles qui le considèrent comme un refuge pour les esprits.

ilet la mere guyane randonnee

Quelques trouées dans la forêt permettent d’apercevoir à tour de rôle les autres îlets, le Père, le Malingre puis les Mamelles, avant d’atteindre une petite plage. Même si l’eau n’y est pas transparente, l’île est épargnée par le banc de vase de l’Amazone. On s’y baigne donc avec plaisir, sous le regard toujours curieux et intéressé des saïmiris.

ilet la mere mamelles guyane

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Ilet La Mère – Fiche Pratique

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ilet la mere guyane pratique
• Type d’activité :
navigation (30′) jusque l’îlet La Mère, promenade en forêt et baignade,

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• Centres d’intérêt : forêt secondaire, fromagers centenaires, colonie de saïmiris, vestiges du bagne.
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• Comment s’y rendre ?
Si vous n’avez pas votre propre bateau, l’excursion est organisée par l’agence Wayki Village.
Départ de la marina du port Degrad de Cannes à Cayenne ou du Wayki Village à Roura.
Prix : 36€ par adulte, 17 € si < 12 ans, gratuit si < 1 an.

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• Combien de temps ?
au moins 5 heures pour prendre le temps de faire le tour de l’île, se baigner et s’amuser avec les saïmiris. Il est interdit de dormir sur l’île.
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• Deux conseils !
• Même si cela est tentant, ne donnez pas à manger aux saïmiris afin d’éviter de les habituer à la présence de l’homme.
• Apportez de quoi boire et grignoter (les pieds dans l’eau à l’abri des singes), il n’y a aucun service sur place.
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